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Offensive de la droite tous azimuts au Brésil Extrait du Le Journal des Alternatives http://journal.alternatives.ca/spip.php?article2064

Offensive de la droite tous azimuts au Brésil - Journal des Alternatives - Journal des Alternatives - 2005 - Volume 12 - No. 01 -

Date de mise en ligne : mardi 30 août 2005

Description :

Depuis quelques mois, les accusations pleuvent à l'effet que le Parti des travailleurs (PT) brésilien aurait mis en place un système de fi nancement secret de certaines personnalités politiques. Pour les membres du PT et les mouvements sociaux qui l'appuient, ces pratiques, si elles s'avéraient prouvées, sont condamnables. « Nous avons promis de gouverner autrement », entend-on dire souvent. Pour autant, cela ne doit pas occulter le fait que derrière

Copyright © Le Journal Alternatives Tous droits réservés ces allégations se cache aussi une stratégie de la droite brésilienne quides cherche à reconquérir- le pouvoir lors des prochaines élections présidentielles de 2006.

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Offensive de la droite tous azimuts au Brésil

Depuis quelques mois, les accusations pleuvent à l'effet que le Parti des travailleurs (PT) brésilien aurait mis en place un système de fi nancement secret de certaines personnalités politiques. Pour les membres du PT et les mouvements sociaux qui l'appuient, ces pratiques, si elles s'avéraient prouvées, sont condamnables. « Nous avons promis de gouverner autrement », entend-on dire souvent. Pour autant, cela ne doit pas occulter le fait que derrière ces allégations se cache aussi une stratégie de la droite brésilienne qui cherche à reconquérir le pouvoir lors des prochaines élections présidentielles de 2006.

Lula, avant cette affaire, était selon tous les sondages bien parti pour remporter les prochaines élections présidentielles en 2006 et, surtout, pour accélérer les réformes entreprises depuis sa première élection en 2002 par 53 millions de Brésiliens. Les principaux partis de droite, dont le PSDB de l'ancien président Fernando Henrique Cardoso, ont sauté sur l'occasion avec l'appui des grands médias pour exiger la démission du président.

Le milieu des affaires, qui n'a jamais eu d'atomes crochus avec Lula, aimerait bien le « détacher » du PT et de sa base populaire, quitte à le voir réélu, mais dans une dynamique où la raison d'être de sa présidence perdrait tout son sens. On aurait donc un président populaire « encadré » par un appareil institutionnel marqué à droite, ce qui jetterait les classes populaires dans la confusion et donc l'impuissance.

Un système conçu pour favoriser le statu quo

Mais la crise actuelle refl ète une profonde fracture dans le système politique brésilien qui était il n'y a pas si longtemps une dictature militaire.

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Offensive de la droite tous azimuts au Brésil Aujourd'hui, le Parlement est éclaté en une myriade de micro partis qui sont souvent des « boutiques » gérées comme des PME par des politiciens en mal de pouvoir et d'argent.

Ce « populisme » bien ancré dans les moeurs brésiliennes fait du Congrès une sorte de « souk » où sont constamment marchandés les votes et les orientations proposées par le gouvernement. Lula, en prenant la présidence, a hérité de ce système. Il savait aussi qu'il avait avec la présidence gagné une parcelle du pouvoir, mais pas vraiment LE pouvoir. Au Parlement fédéral en effet, le PT ne détient que 20 % des sièges, et le gouvernement Lula est donc constamment forcé de négocier avec les autres 80 % pour faire adopter les législations qu'il propose.

Le PT estimait néanmoins pouvoir avancer dans une sorte de « guerre de position » en transformant peu à peu les institutions pour les démocratiser et les réorienter en faveur des classes populaires. Pari impossible ou utopie créative, le projet est maintenant fragilisé.

Le PT à la recherche d'un second souffle

La période s'annonce difficile, d'autant plus que le PT a subi durant la dernière période une certaine usure du pouvoir, démontrée lors des dernières élections municipales, en octobre 2004. La perte de villes symboles comme Sao Paulo et Porto Alegre a fait mal, de même que la diminution du vote PT dans plusieurs autres grandes villes où le parti avait trouvé sa force et sa base historique.

Au sein du parti de Lula, des voix multiples réclament des réformes. Selon Plinio Arruda Sampaio, un fondateur du PT, « Lula a trop misé sur

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Offensive de la droite tous azimuts au Brésil l'établissement d'un bon rapport avec les détenteurs de capitaux. Des concessions injustifi ables ont été faites aux multinationales de l'énergie et des télécommunications, par exemple. Par la suite, la conduite politique du gouvernement s'est soumise aux schémas traditionnels de l'élite brésilienne corrompue : connivences, petits arrangements, alliances illégitimes, fi nancement obscur des campagnes électorales. »

Des ministres comme le populaire Miguel Rossetto et des mouvements comme le MST et la centrale syndicale CUT veulent des changements, mais ils restent avec le PT, car ils savent bien qu'une défaite du PT serait catastrophique pour l'ensemble des mouvements sociaux et des couches populaires.

À l'heure des choix

Le PT a été et demeure l'expression des mouvements de base qui ont joué un rôle de premier plan dans la lutte pour la démocratie et la justice. Lula, l'ex-syndicaliste, a fait ses classes dans les usines autour de Sao Paulo. Mais une fois à Brasilia, la situation a changé, ce qui a créé bien des remous entre la base militante et le gouvernement.

Le Mouvement des sans terre a réussi pourtant à appuyer le gouvernement quand il le fallait, tout en restant critique, notamment sur le projet de réforme agraire qui a peu avancé faute de fonds. Le gouvernement, avec sa politique d'austérité fi nancière, s'est retrouvé sans moyen alors que la promesse de 2002 avait été de réinvestir massivement dans les programmes sociaux.

Aujourd'hui, face à la crise que traverse le PT, les mouvements avertissent Lula qu'ils ne sont plus disposés à l'appuyer inconditionnellement.

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Offensive de la droite tous azimuts au Brésil Vingt-et-un députés fédéraux du PT et plusieurs milliers de militants du parti viennent de signer un appel qui rejoint celui des mouvements sociaux : « Le gouvernement Lula doit produire un choc éthique. Il doit modifi er sa base d'appui parlementaire, éliminer les accords de troc des votes en échange des charges publiques. Pour un gouvernement de gauche, la "gouvernabilité" doit reposer sur son programme de changements et sur le soutien des mouvements populaires. »

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